SEMIDE Système Euro-Méditerranéen d'Information sur les savoir-faire dans le Domaine de l'Eau Point Focal National Marocain

Dernière mise à jour  :06/05/2007

                                
 

DOCUMENTATION

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Contexte de l'eau au Maroc

Le contexte hydrologique du Maroc

Le bilan global de la mobilisation de l'eau

LE BILAN DANS LES SECTEURS USAGERS

LES RETOMBEES BENEFIQUES DE LA POLITIQUE MAROCAINE DE L'EAU

Nouvelle Stratégie DE développement des ressources en eau

Conclusion 

 Le contexte hydrologique du Maroc

 Au Maroc, la maîtrise de l’eau revêt un caractère vital en raison du contexte climatique et hydrologique difficile. Les régimes des précipitations varient d’une région à l’autre tout en restant dominés par une forte irrégularité dans l’espace et dans le temps, de façon saisonnière et inter annuelle. L’alternance de séquences d’années de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse sévère, pouvant durer plusieurs années, est un caractère marquant des régimes climatiques et hydrologiques.

Les moyennes annuelles des précipitations atteignent plus d'un mètre (1 million de m3 par km2) dans les zones montagneuses du nord (Rif, Tangérois et Côtiers Méditerranéens Ouest), et moins de trois centimètres (300.000 m3 par km2) dans les bassins de la Moulouya, du Tensift, du Souss- Massa, des zones sud- atlasiques, et de la zone saharienne, soit pratiquement près de 85% de la superficie du Royaume.

 Ces précipitations se produisent généralement en deux périodes pluviales, la première en automne et la seconde en hiver. Le nombre de jours pluvieux varie de l'ordre de 30 au sud du pays à près de 70 au Nord du pays.

Le Maroc a connu plusieurs sécheresses dont une dizaine ont concerné la majeure partie du pays. Les épisodes les plus remarquables des années 1944 – 1945, 1980 – 1985, 1990 – 1995 et 1998-2000 ont intéressé la majeure partie du territoire national pendant une durée pouvant atteindre cinq années successives, constituant ainsi les sécheresses les plus sévères et les plus longues jamais observées depuis que des observations météorologiques et hydrologiques sont effectuées.

 Cette répartition inégale, dans le temps et dans l’espace de la pluviométrie et des ressources en eau qu’elle gênèrent , impose la construction de grands barrages réservoirs pour stocker les apports des années humides au profit de leur utilisation en années sèches. Elle impose également, lorsque cela est possible, la réalisation des transferts d’eau des régions favorisées vers les régions déficitaires en eau dans le but de favoriser un développement économique et social équilibré sur l’ensemble du territoire du pays.

Les ressources potentielles susceptibles d’être mobilisées sont évaluées en année moyenne  à près de 20 milliards de m3, avec près de 16 milliards d'eau de surface et 4 milliards de m3  d'eau souterraine.

 Le bilan global de la mobilisation de l'eau

 Les infrastructures

 C'est lors des années 1920 que l’introduction des aménagements modernes a débuté avec la réalisation des premiers grands barrages réservoirs. L’objectif de ces barrages était principalement orienté vers la fourniture d’eau potable, d’eau pour l’irrigation et la production d’électricité.

 Jusqu’en 1966, la politique de mobilisation de l’eau est restée assez timide, puisqu’en 38 ans n’ont été construits que 16 ouvrages, d’une capacité totale de 2,2 Milliards de m3. 

En 1967, lorsque FEU SA MAJESTE LE ROI HASSAN II a fixé l’objectif de l’irrigation de 1 million d’hectares, une impulsion nouvelle et décisive fut donnée à la politique de construction des grands barrages. Un intérêt particulier a été accordé à la mobilisation des ressources en eau dans les zones arides sud-atlasiques en vue  d'assurer leur développement socio-économique.

 L’édification alors des barrages Mohamed V, Hassan Addakhil, Mansour Addahbi, et Youssef Ben Tachfine a permis d'assurer la mobilisation des eaux des bassins versants, respectivement de la Moulouya, du Ziz,  du Drâa et du Massa, et  de créer ainsi de véritables pôles de développement économique et social dans ces régions.

 En vue de favoriser un accès équilibré à l'eau sur l'ensemble du pays, FEU SA MAJESTE LE ROI HASSAN II a aussi initié en 1984 le lancement d'un programme de construction de petits et moyens barrages. De nombreux ouvrages ont ainsi été édifiés à travers le Royaume dans les zones dépourvues d'eau souterraine, en vue de répondre à des besoins locaux d'eau potable, d'irrigation ou pour protéger les personnes et les biens publics et privés contre les inondations.

 a priorité ainsi donnée, depuis plusieurs décennies, au développement des ressources en eau de surface a permis de doter le pays d'un patrimoine d'infrastructures hydrauliques composé, en 2001, de 103 grands barrages d'une capacité de stockage de l'ordre de 15,1 Milliards de m3 et de 13 systèmes de transfert d'eau d'une longueur totale de près de 785 km et d'une capacité totale de transport de 175 m3/s. 

L’effort de mobilisation a également concerné les eaux souterraines. Les efforts entrepris depuis 1961 ont permis un développement sans précédent de l’exploration et de l’exploitation de l’eau souterraine. La réalisation d’un linéaire moyen de 45 km par an en puits et forages d'eau a permis de disposer d'un volume de près de 2,87 Milliards de m3 par an.

 Dans l’ensemble, et conformément aux conclusions des études de planification engagées depuis l’indépendance, les infrastructures hydrauliques destinées à la mobilisation des ressources en eau de surface et souterraine permettent de disposer, en année d'hydraulicité moyenne, d'un volume global de l'ordre de 13,7 Milliards de m3.

 LE BILAN DANS LES SECTEURS USAGERS

L'eau potable

Les efforts consentis au cours des trois dernières décennies en matière de mobilisation des eaux ont permis d'améliorer d'une manière continue la desserte en eau potable des populations urbaines. En effet, la production d'eau potable pour les agglomérations urbaines a été multipliée par 8 entre 1972 et 2001, atteignant 1300 millions de m3 /an.

Les barrages participent actuellement à hauteur de 69 % à la satisfaction de l'alimentation en eau potable et industrielle. Cette part ira encore en augmentant dans l'avenir pour faire face à des besoins qui croissent de 3 % en moyenne par an.

Pour relever le service de l’eau potable en milieu rural au même niveau que celui du milieu urbain, l’année 1995 a connu le lancement d’un vaste programme d'Approvisionnement Groupé en Eau Potable des Populations Rurales (PAGER)  qui bénéficiera à 31.000 localités rurales abritant une population totale de l’ordre de 11 millions d'habitants.

 Le dessalement de l’eau de mer est devenu une réalité avec la réalisation au sud du pays de l’usine d’approvisionnement de Laayoune et celle de Boujdour, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour l’avenir.

L'irrigation

          L'agriculture irriguée, qui s'étend à fin 2002 sur une superficie de plus d'un million d'hectares, représente en année moyenne 45 % du produit intérieur brut agricole. Cette valeur peut atteindre 75 % en année sèche. En terme de production, l'agriculture irriguée représente 30 % de la production nationale, 75 % des exportations agricoles et un tiers des emplois en milieu rural. Dans l'ensemble, la part du secteur agricole dans le produit intérieur brut du pays fluctue entre 10 et 20 % environ selon l'hydraulicité de l'année.

 La production d'énergie hydroélectrique

            L'association d'usines hydroélectriques à de nombreux barrages a permis d'accroître la production d’électricité, et de contribuer d'une manière substantielle à la satisfaction des besoins énergétiques du pays, valorisant ainsi les potentialités naturelles du Maroc. La production d'énergie hydroélectrique peut  atteindre en année hydrologique normale plus de 20 % de la production totale d'électricité du pays.

 LES RETOMBEES BENEFIQUES DE LA POLITIQUE MAROCAINE DE L'EAU

L'aménagement du territoire et l'eau

Le patrimoine en infrastructures hydrauliques a d'abord été harmonieusement réparti sur le territoire national contribuant ainsi à favoriser un développement régional équilibré. La mobilisation de l'eau a efficacement accompagné l'extension de l’urbanisation. De grandes villes comme Tanger, Casablanca, Rabat, El Jadida, Tétouan, Nador, Safi ou Al Hoceïma sont alimentées essentiellement avec de grandes adductions régionales à partir des eaux de surface de retenues de barrages.

  D'autres villes comme Marrakech, Fès, Meknès, Taza, Kénitra, Agadir, Oujda ou Laayoune sont approvisionnées à partir de champs captant  d'eau souterraine  et d'eau de surface de retenues de barrages. De longues adductions de transport d'eau sont de plus en plus associées aux barrages pour rapprocher l'eau de l'usager urbain et rural.

 Le développement de l'irrigation a servi de catalyseur à l'évolution de nombreuses régions rurales du pays où de véritables pôles de développement ont vu le jour et transformé les économies traditionnelles des régions concernées. 

Dans le même sens, l'eau a accompagné le développement industriel du pays. Des pôles industriels importants comme ceux associés aux industries de transformation du phosphate ou à l'agro-industrie ont largement bénéficié de l'effort de mobilisation de l'eau.

La maîtrise des phénomènes hydrologiques extrêmes :

 L'une des caractéristiques majeures du climat du Maroc est le caractère structurel de l'occurrence de périodes de sécheresse. En vue de tenir compte de cette contrainte, les grandes retenues de barrages ont été dimensionnées pour assurer une maîtrise des apports d'eau lors des années humides en vue de leur utilisation durant une, voire deux années successives moins humides. Cette régularisation inter annuelle des eaux mobilisées permet de faire face à des séquences d'années de sévère sécheresse en assurant l'approvisionnement en eau potable du pays et sans trop affecter sa production agricole.

De même, les barrages jouent un rôle essentiel dans la maîtrise des crues. Ils permettent d'atténuer les effets des crues dévastatrices générées au niveau des grands bassins en assurant le laminage des débits maximaux des crues, et leur évacuation dans les meilleures conditions de sécurité pour les populations, les infrastructures et les biens des habitants situés à l'aval

 Le renforcement et le développement des capacités nationales

 L'œuvre accomplie dans le domaine de l'hydraulique a permis d'améliorer le savoir-faire national dans le domaine des études et de la réalisation des barrages contribuant à l’émergence d’une expertise nationale de l’eau tant dans le secteur public que privé.

Le soutien et les encouragements apportés aux bureaux d'études nationaux ont favorisé l'émergence d'un secteur privé performant dans la consultation en technique hydraulique. Cette dynamique de progrès a également intéressé l'entreprise marocaine de travaux publics qui, en participant à la construction des grands barrages, a acquis une indéniable expérience dans la réalisation des grands travaux de génie civil.

     Dans le même sens, les administrations et les organismes publics ont renforcé leurs capacités et consolidé leurs acquis, constituant aujourd'hui des entités opérationnelles en mesure de gérer le présent et de préparer le pays à faire face aux défis de gestion de l'eau du futur.

 

Nouvelle Stratégie DE développement des ressources en eau

 Bien que des progrès significatifs aient été accomplis, les efforts à fournir sont importants eu égard aux problèmes que le secteur de l’eau affrontera dans l’avenir. La nouvelle stratégie de développement des ressources en eau sous l’appui éclairé et la haute sollicitude de
SA MAJESTE  LE ROI MOHAMED VI 
, dans le cadre d’une gestion durable est en cours de mise en place actuellement au Maroc.

  Elle est basée sur la décentralisation de la gestion de l’eau, l’implication des usagers et la consolidation de l’effort de planification, de mobilisation, d’économie et de protection des ressources en eau.

  Pour concrétiser ce choix politique, le secteur de l’eau a été rehaussé au plus haut niveau, avec la mise en place au sein du gouvernement, du Secrétariat d’Etat Chargé de l’Eau.

  Les principaux axes de base de cette nouvelle stratégie sont décrits ci-après :

 La maîtrise de l’évaluation des ressources en eau

 L’effort déjà déployé en matière de connaissance et d’évaluation des ressources en eau, doit être renforcé et consolidé par l’introduction de nouvelles technologies dans toutes les étapes du processus d’évaluation avec : 

·        La rationalisation et la modernisation des réseaux de suivi quantitatif et qualitatif ;

·         L’élaboration de bases de données et de systèmes d’information géographique ;

·         La conception et la mise en œuvre des outils de modélisation mathématique des ressources en eau ;

·        Le développement de l’utilisation des techniques d’investigation comme la télédétection, l’hydrologie isotopique, les nouvelles techniques de la géophysique… ;

·         La poursuite de l’effort de reconnaissance des nappes d’eau souterraine profondes et la mise en place d’un important programme d’exploitation des réservoirs profonds.

La consolidation du processus de planification

 Les plans directeurs d’aménagement intégré de différents bassins du Royaume ont pour la majorité été approuvés par le Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat. Ceux-ci, s’inscrivant dans un processus dynamique de planification, seront comme le précise la loi, revue et actualisée en temps opportun pour tenir compte de nouvelles données hydrologiques et socio-économiques. 

Par ailleurs, pour doter d’une force de loi les plans d’aménagement intégrés des ressources eau, la définition par voie réglementaire de leur contenu et leurs méthodologies d’élaboration sont en cours. De même, l’affirmation de leur supériorité hiérarchique par rapport aux autres documents sectoriels est en cours d’étude.

Pour une vision intégrée et concertée à l’échelle nationale, le plan national de l’eau qui s’appuie sur les plans régionaux est en cours de préparation, en vue d’être présenté au Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat en l’an 2003. Actuellement, il est accompagné par l’établissement d’autres études de grande envergure tel que : 

·        le plan directeur de protection contre les inondations ;

·        le plan directeur de protection de la qualité de l’eau.

 Le processus de planification en cours, considère le phénomène de sécheresse comme une donnée structurelle de la gestion des ressources en eau au Maroc. L’objectif étant de sécuriser l’approvisionnement en eau des populations et éviter à l’avenir, des mesures exceptionnelles nécessitant généralement des investissements coûteux.

 La poursuite de la mobilisation des ressources en eau

 Les différents plans de développement intégré des ressources en eau élaborés ont abouti à un programme ambitieux de mobilisation de l’eau par :  

·       la réalisation d’un grand nombre de barrages pour renforcer davantage le potentiel actuellement mobilisé. Il faut souligner cependant, qu’il s’agira d’ouvrages de plus en plus complexes et coûteux ;

·       le dégagement supplémentaire d’eau souterraine par le biais d’un vaste programme de recherche et d’exploration ;

·       l'instauration d'une solidarité inter-régionale en matière d'eau obtenue grâce à des transferts d'eau, depuis les régions excédentaires vers les régions déficitaires, pour assurer un développement équilibré et harmonieux de toutes les régions du Royaume.

 Vu le contexte de rareté, l’effort d’accroissement des ressources en eau portera également sur la réutilisation des eaux usées, le dessalement de l’eau de mer et la valorisation  des eaux de crues par épandage.

 La protection de la qualité de l’eau et la lutte contre sa pollution sera considérée comme une action prioritaire dans la sauvegarde des ressources en eau. Une approche globale dans un cadre concerté, associant les différents intervenants, sera mise en œuvre pour améliorer le secteur d’assainissement des eaux au Maroc. L’application et la mise en œuvre des dispositions prévues par la loi 10-95 sera bénéfique dans ce sens.

 De même, la lutte contre l’envasement des retenues de barrage devra être considérée comme un axe essentiel dans le politique de développement des ressources en eau. Pour cela, elle doit s’inscrire dans le cadre d’une politique volontariste d’aménagement des bassins versants.

Généralisation de l’accès à l’eau potable des populations rurales

 Si l’approvisionnement en eau potable du milieu urbain a enregistré des acquis importants, celle de milieu rural souffre d’un sérieux retard. Le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural ne dépassait guerre 20 % en 1994.

 Pour remédier à cette situation, un vaste programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales a été élaboré et mis en exécution à partir de 1995. Ce programme, d’un coût d’investissement  important, vise la généralisation de l’accès à l’eau potable pour 90 % des populations rurales en 2007.

Développement de la gestion de la demande en eau

 La stratégie de répondre à la demande en eau par un accroissement de l’offre, poursuivie jusqu’à maintenant, a commencé à montrer ses limites du fait de la rareté de la ressource en eau et de l’augmentation du coût de sa mobilisation. Aussi, le développement de la gestion de la demande devient dorénavant une nécessité.

 Les opportunités d’économie d’eau et de leur valorisation sont très importantes et peuvent avoir un effet déterminant dans les bilans d’eau et sur les échéanciers d’investissement pour le développement de  nouvelles ressources.

 Actuellement, les pertes d’eau dans les infrastructures de production et de distribution de l’eau potable et de l’irrigation représentent des volumes considérables. Les efficiences globales au niveau de ces deux utilisations sont respectivement de 60 % et 55 %. 

La gestion de la demande, qui constitue désormais un axe essentiel de la politique nationale de l’eau, doit être axée principalement sur les actions suivantes : 

·       organisation des agriculteurs en associations d’usagers dans le but de confier la responsabilité de la gestion des réseaux aux bénéficiaires ;

·         mise en place de programmes d’amélioration des réseaux de distribution d’eau potable ;

·         développement de l’utilisation des techniques d’irrigation économes en eau ;

·          adoption de systèmes tarifaires incitatifs à l’économie de l’eau ;

·         réalisation de campagnes d’éducation et de sensibilisation des usagers et du public en général.

 Décentralisation et concertation : deux  nouveaux concepts de la gestion de l’eau

      Le développement durable des ressources en eau, dans un contexte marqué par la rareté et par un accroissement accru de la demande, ne peut être atteint que par une implication directe de tous les intervenants et particulièrement les usagers dans toutes les étapes du processus du développement. 

Conscient de cette impérative, le Maroc à mis en place une démarche décentralisée et participative de la gestion des ressources en eau. Cette démarche institutionnalisée par la nouvelle la loi sur l’eau se manifeste à tous les niveaux: 

·        Au niveau national, le Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat constitue une institution supérieure chargée de définir les orientations générales de la politique de l’eau du pays. Cet organe est composé des représentants de l’ensemble des intervenants dans le secteur de l’eau (administrations, élus, usagers, etc ...) ;

·         Au niveau régional, la création des Agences de Bassins vient concrétiser le processus de concertation en matière de gestion déconcentrée de l’eau. Dans leurs conseils d’administration, sont représentés tous les usagers  intervenant  dans la gestion de l’eau ;

·         Les Agences de Bassins considérées comme institution au cœur de la gestion des ressources en eau, seront à l’avenir dotées de moyens nécessaires pour en faire de véritables entités de gestion. Les adaptations et les ajustements institutionnels et réglementaires nécessaires seront apportés pour rendre leur action plus efficace ;

·         Au niveau local, les Commissions Provinciales de l’Eau sont créées pour une participation active dans la gestion de l’eau de tous les partenaires concernés.

La tarification de l’eau

 Durant les trente dernières années, d’importants investissements ont été consentis par les pouvoirs publics pour sécuriser l’approvisionnement en eau du pays. Les coûts de mise à disposition de l’eau supportés par l’Etat n’ont aucune traduction au niveau des tarifications appliquées aux usagers. Ces tarifs adoptés ne comprenant en effet pas les coûts des investissements, ni même parfois la totalité des frais d’entretien et de fonctionnement des infrastructures. 

Une importante étude de tarification de l’eau est actuellement en cours, elle vise la mise en place de structures tarifaires judicieuses indispensables à l’instauration d’une gestion durable des ressources en eau, dont les principaux objectifs sont : 

·        permettre l’accès à l’eau potable à toute la population du pays et en particulier celle  à revenu modeste ;

·        réaliser des économies d’eau en pénalisant le gaspillage ;

·        permettre aux organismes chargés de la production et de la distribution de l’eau, de dégager des ressources financières nécessaires aux nouveaux investissements.

 L’adoption d’une tarification progressive dans le secteur de l’eau potable a déjà montré son efficacité dans l’économie de l’eau dans ce secteur.

 Le dispositif réglementaire

 Le développement des outils institutionnels, réglementaires et économiques est un atout majeur pour garantir une gestion durable et conservatrice des ressources en eau.  Ainsi, la dynamisation de la loi 10-95 sur l’eau et la mise en œuvre des textes d’application promulgués et ceux en cours ou prévus, aura pour objectif  le renforcement  de l’organisation de la gestion de l’eau, notamment en ce qui concerne les axes suivants :  

·         la domanialité publique de l’eau ;

·         la mise en oeuvre d’une planification intégrée de l’aménagement et de la répartition des ressources en eau ;

·         la protection de la santé de l’homme et de l’environnement par la réglementation des activités susceptibles de polluer les ressources en eau ;

·        la répartition rationnelle des ressources en eau en période de sécheresse ;

·        la consolidation de la valeur économique de l’eau ;

·        l’encouragement de l’intervention du secteur privé dans la gestion de l’eau à travers le régime des concessions.

CONCLUSION 

 Le Maroc est caractérisé par un contexte hydrologique sévère, marqué par une forte irrégularité des disponibilités en eau dans le temps et dans l’espace. Le potentiel en ressources en eau qui avoisine déjà le seuil de 1000 m3/hab/an se situerait à moins de 500 m3/hab/an vers 2025.

 La politique de l’eau adoptée jusqu’à présent, ayant été basée essentiellement sur la  construction de barrages,  a permis de doter le pays d’un patrimoine d’infrastructures hydrauliques. Ainsi,  l’approvisionnement en eau potable de la population urbaine est sécurisé, de même la production agricole dans les périmètres irrigués contribue dans une grande proportion à la sécurité alimentaire du pays.

 Malgré ces progrès, le secteur de l’eau connaît encore de sérieux problèmes qui pourraient se répercuter  sur la sécurité hydrique et alimentaire du pays, si une gestion des ressources en eau  globale et intégrée n’est pas adoptée. Ces problèmes concernent particulièrement l’alimentation en eau potable des populations rurales, la préservation et la protection  de l’infrastructure hydraulique, la valorisation de l’eau et la détérioration de la qualité de l’eau.

  Les bases d’une nouvelle politique peuvent être résumées de la manière suivante :

·   amélioration de la connaissance des potentialités des ressources en eau et leurs caractéristiques. Un effort important doit être réalisé pour améliorer la connaissance des ressources en eau particulièrement les ressources souterraines profondes et des sécheresses ;

·   consolidation de la gestion de l’offre qui vise à mobiliser les ressources en eau renouvelables non encore mobilisées y compris les ressources dit non conventionnelles pour sécuriser les besoins en eau du pays ;

·   promotion de la gestion de la demande en eau pour mieux valoriser les ressources en eau déjà mobilisées et éviter les pertes d’eau et la dégradation de l’environnement ;

·         amélioration du cadre institutionnel et juridique pour asseoir une base solide pour la mise en place d’une gestion décentralisée, concertée et intégrée des ressources en eau et assurer un développement cohérent et durable du secteur de l’eau ;

·         protection de l’environnement naturel par la mise en place de mécanismes financiers réglementaires et juridiques pouvant stimuler la préservation et la protection des ressources en eau ;

·         la mise en place d’un cadre institutionnel moderne qui permettra de réglementer l’élaboration et la réalisation de plans d’action, pour atténuer les impacts négatifs et permettre de sauvegarder au moins les revenus des populations affectées ;

·         participation accrue du secteur privé et des usagers d’eau dans la gestion des ressources en eau et dans le financement de l’infrastructure hydraulique.