ACCES DES FEMMES A LA TERRE ET A LA TECHNOLOGIE EN REPUBLIQUE
DE GUINEE
Mme Diallo Ousmane Korka, Commission Economique
pour l'Afrique (CEA)
Résumé
Introduction
I. Contexte général
1.1 Place de la femme dans le développement
1.2 Potentialités et options régionales
de la Guinée
II. Problématique de l'accés
des femmes aux ressources en Guinée
2.1 Situation globale
III. Principales contraintes des femmes
a l'accés et au controle des ressources
3.1 Contraintes transversales
3.2 Contraintes internes
3.3 Contraintes externes
IV. Acteurs et institutions qui influent
sur le controle et la répartition des ressources
V. Conclusions et suggestions
5.1 La terre
5.2 Technologies
5.3 Crédit
5.4 Utilisation des groupements
(féminins, mixtes)
5.5 Formation des agents de developpement
à la base
5.6 Conclusions
[sommaire]
RESUME
Les femmes guinéennes ont toujours joué un rôle
de pivot dans l'agriculture. Leur rôle et leurs activités
dans les secteurs ruraux sont très diversifiés. Elles
interviennent dans la production agricole, l'élevage, la cueillette,
la transformation et la commercialisation des produits. Cette diversité
est liée aux groupes ethniques ou aux systèmes de production
des différentes zones agro-écologiques et existe aussi
au sein des groupes ethniques, au sein des villages et même au
sein des ménages. Ce qui veut dire que les femmes entre elles
mêmes ne forment pas un groupe homogène. Au sein d'un même
village, elles se différencient par les cultures qu'elles pratiquent
et par les activités génératrices de revenus qu'elles
accomplissent.
Si la répartition des tâches épargne les femmes
de certains travaux difficiles, il n'en demeure pas moins vrais qu'elles
consacrent plus de temps que les hommes pour l'exécution des
travaux du calendrier agricole (estimé à 10 heures sur
les 17 qu'elles travaillent par jour ).
La production agricole est destinée le plus souvent à
la consommation familiale et à la commercialisation au niveau
des marchés locaux.
Du point de vue numérique l'enquête agricole permanente
( EAP ) de 1995 ressort une main d'oeuvre féminine de 53,3 %
contre 46,7 % de celle masculine soit environ 117 femmes actives pour
cent hommes actifs.
Sur 442 168 exploitations agricoles dénombrées, 8861
seulement sont dirigées par les femmes soit 2% de l'ensemble
des exploitations étudiées . Mais bien que les femmes
soient fortement impliquées dans la vie économique du
ménage, les conditions dans lesquelles elles travaillent sont
particulièrement difficiles à cause des technologies moins
adaptées à leurs besoins et la persistance des coutumes
et moeurs, qui limitent leur accès à l'information, aux
technologies améliorées, aux services de vulgarisation,
à la formation, à la terre et au crédit.
Si partout, elles peuvent, dans une certaine mesure accéder
à la terre de culture en tant qu'usagères, elles ne peuvent
que rarement en être propriétaires, ou en assurer le contrôle.
Il en est de même pour les équipements, l'outillage et
les infrastructures de base . Le père de famille étant
généralement le chef d'exploitation, toutes les ressources
disponibles sont sous sa responsabilité. Mêmes les femmes
se retrouvant chefs d'exploitation suite à l'exode ou à
l'émigration des maris n'en assurent la gestion et le contrôle
que temporairement ( temps d'absence de l'homme).
Celles dont le mari est décédé restent sous la
protection du 1er fils ou se remarient à un des frères
pour prétendre gérer les moyens de production.
Les femmes souffrent aussi de l'accès difficile aux ressources
financières. Les conditions d'octroi de crédit, les taux
élevés des intérêts, la nature de leur production
de subsistance, le manque d'information, constituent au tant de barrières
à leur accès aux crédits.
Selon l'enquête agricole permanente de 1995-1996, sur 69.429 bénéficiaires
de crédit, seulement 14 476 femmes ont été touchées
bien qu'elles soient reconnues comme meilleures gestionnaires et remboursant
généralement à 98 %.
Quant à la formation, les femmes en ont faiblement accès.
L'analphabétisme est un autre handicap sérieux pour elles.
Le taux de scolarisation des jeunes filles est encore faible par rapport
à celui des garçons, les parents préférant
garder les filles à la maison pour aider leurs mères dans
le ménage et pour faciliter les mariages précoses
Par ailleurs, les programmes d'alphabétisation des adultes
touchent beaucoup plus les hommes que les femmes . Ces programmes sont
réalisés par les composantes formations des projets de
développement et des O.N.G.
[sommaire]
INTRODUCTION
Située en Afrique de l'Ouest, à 10°
au Nord de l'Equateur, la Guinée est limitée à
l'Ouest par la zone côtière atlantique sur 300 km, au Nord
par la Guinée Bissau, le Sénégal et le Mali, à
l'Est par la Côte d'Ivoire et au Sud par la Sierra Leone et le
Liberia. Elle couvre une superficie de 245.854 km2.
Selon les résultats du recensement général de
la population, effectué du 1er au 15 décembre 1996 et
publié le 8 juillet 1997, la population de la Guinée est
évaluée à 7.664.893 habitants. Cette population
croit à un rythme de 2,8 % par an.
Le processus de démocratisation de la vie publique est marqué
par :
i - l'adoption de la loi fondamentale le 23 décembre 1990
;
ii - la promulgation, le 23 décembre 1991 de la loi portant
attribution, organisation et fonctionnement de la Cour Suprême
;
iii - l'organisation des premières élections présidentielles
pluralistes en decembre 1993 ;
iv - l'organisation des élections législatives et communales
pluralistes en juin 1995 et ;
v - la nomination des membres du Conseil Economique et Social le
19 juin 1997.
Le pays est, depuis août 1994, subdivisé en sept régions
administratives, auxquelles s'ajoute la zone spéciale de Conakry.
Les collectivités décentralisées comprennent 33
préfectures, 38 communes urbaines, 302 sous-préfectures
dont 303 communautés rurales de développement (CRD). Des
élections municipales pluralistes ont eu lieu en juin 1995.
Avec un PNB par habitant estimé à moins de 600 dollars
des E.U en 1995, la Guinée fait partie de la catégorie
des pays les moins avancés. Le pays est sous ajustement structurel
depuis 1985. Un nouvel accord a été conclu, le 13 janvier
1997, avec le F.M.I pour la période d'octobre 1996 à septembre
1999. La Banque Mondiale a, de son côté, approuvé,
le 23 décembre 1997, la mise en vigueur du crédit d'ajustement
structurel pour la gestion des dépenses publiques, cofinancé
par la BAD.
La mise en oeuvre du programme de développement du gouvernement
a permis de réaliser des progrès sensibles et de définir
les perspectives à moyen terme. Ce qui se traduit par :
i - une meilleure maîtrise de l'inflation, qui est passé
de 5,6% en 1995 à 4,9% en 1997, l'objectif étant de
la maintenir en dessous de 4% par an d'ici l'an 2000 ;
ii - un taux de croissance moyen du PIB réel de 4,5% en 1996
et de 4,7% en 1997 pour la période 1998-2000, l'objectif est
de réaliser une croissance économique en termes réels
de 5,5% en moyenne par an ;
iii - un excédent primaire intérieur qui est passé
de 1,3% du PIB en 1996 à 2,8% en 1997. L'objectif est de le
porter à 2,9% en 1998 et à 4,7% en l'an 2000 ;
iv - une amélioration des réserves nettes de change
(3,5 mois d'importations à la fin de 1997, contre 1,9 mois
en 1996). Pour la période 1998-2000, le déficit du compte
courant extérieur hors transfert officiels, devrait passer
de 8% du PIB en 1997 à 6% en 2000, de façon à
accroître les réserves officielles à environ 4
mois d'importations à l'an 2000.
L'amélioration de la croissance économique en 1997, résulte
essentiellement d'une augmentation sensible des activités agricoles
et des services. Les perspectives à moyen terme tiennent compte
de l'approche CDMT (Cadre des Dépenses à Moyen Terme),
adoptée par le Gouvernement en 1997.
Objectifs de l'étude
a) D'identifier les besoins prioritaires des femmes dans l'accès
à la terre et à la technologie et leur contrôle
qui sont nécessaires pour promouvoir leur capacité de
production
b) d'identifier les principaux obstacles à cet accès,
au contrôle et à l'utilisation efficace des dites ressources,
c) D'identifier les acteurs et les institutions qui influent sur
le contrôle et la répartition des ressources,
d) D'identifier les mécanismes pour la gestion et la répartition
des ressources et déterminer le meilleur moyen d'assurer la
participation des femmes.
Démarche méthodologique
l'étude s'est déroulée en quatre phases:
Notre démarche méthodologique a consisté en :
1- La révision bibliographique qui a consisté à
passer en revue la documentation disponible sur le sujet, notamment
en ce qui concerne les politiques nationales, prendre contact avec d'autres
intervenants dans le secteur pour identifier les contraintes rencontrées
;
2-Le travail de terrain: il a commencé par la délimitation
de l'espace géographique ( régions- préfectures-
et sites) ensuite nous avons procédé à une visite
de terrain dans certaines préfectures du pays pour discuter avec
les femmes, les services techniques et les autorités locales
afin de recueillir sur place les avis et perceptions des personnes rencontrées
sur les problèmes des femmes en matière d'accès
à la terre.
(Femmes groupées, individuelles, mariées, non mariées,
chefs de ménage, vielles aussi bien en zones rurales qu'en zone
périurbaines chercheurs vulgarisateurs statisticens, sages des
villages, chefs religieux, hommes d'affaires, cadres des institutions
de crédits, projets de développement, ONG, élus
locaux et autorités locales.).
- le sujet a été discuté par thème avec
les groupes cibles
- l'entretien a été directif (informel par interview
avec les
informateurs clés.
- semis- directif avec les groupes focus
- la fréquence a été un passage par site
3- La rédaction du rapport
4- l'atelier de validation qui a regroupé les personnes focus
du terrain, les representants d'intervenants divers, les représentants
des départements techniques partenaires les institutions nationales
et internationales.
C'est la digestion de cet ensemble d'informations qui fait l'objet
de l'analyse ci-après :
[sommaire]
I. CONTEXTE GENERAL
1.1 - Place de la femme dans le développement
1.1.1 Politiques sectorielles du développement
La Guinée dispose d'une politique de développement
économique qui régit l'ensemble des interventions et
ingère les politiques sectorielles qui sont importantes, à
des degrés divers.
La " Politique de Promotion du Secteur Privé " (PPSP)
élaborée et adoptée en 1990 ainsi que la "
LPDA 1 " (lettre de Politique de Développement Agricole)
et la LPDA 2 respectivement élaborées en 1991 et 1996
sont des documents de référence très importants
pour la mise en oeuvre de la politique de développement économique
du pays.
L'objectif principal de la LPDA est d'assurer la sécurité
alimentaire par le développement de la production vivrière,
tant disque celui de la PPSP est de promouvoir un environnement local
plus incitatif aux investissements nationaux et étrangers.
Il faut signaler qu'une déclaration de Politique de l'Emploi
est actuellement en formulation.
La " Déclaration de Politique Educative " adoptée
en 1989, la " Déclaration de Politique de Santé
" et la " Déclaration de Politique de Population
" respectivement élaborées en 1991 et 1992 sont
au centre du dispositif de références du Gouvernement.
Leurs visées respectives sont d'accroître la part du
budget consacrée à l'éducation afin de privilégier
l'éducation de base, de promouvoir les soins de santé
primaires et une meilleure gestion des ressources humaines, de maîtriser
la croissance démographique, promouvoir l'IEC en matière
de population et améliorer le statut de la femme et les conditions
de vie des groupes vulnérables.
Le questionnement de ces politiques, sous l'angle de leur "
sensibilité aux questions de genre " montre que la quasi-totalité
d'entre elles ont été conçues dans une perspective
" Gender Blind " (indifférente aux considérations
de genre) même si on note çà et là certaines
allusions au bien-être des femmes.
Le Gouvernement guinéen avait donc une raison supplémentaire
de tenter de parfaire son dispositif de politiques sectorielles par
la formulation d'une " Politique Nationale de Promotion Féminine
" (PNPF) dont la mise en oeuvre pourrait partiellement combler
cette déficience. Car, il est bien entendu que le fait de disposer
d'une PNPF ne saurait dispenser l'Etat guinéen de continuer
à réfléchir sur les modalités d'assurer
la prise en compte effective et systématique de plus de 50
% de ses ressources humaines dans tous ses domaines d'intervention.
A l'instar des autres pays d'Afrique, la République de Guinée
a adopté le Plan d'action Mondial " pour les femmes, issu
de la Conférence de pékin de 1995 qui couvre l'essentiel
des priorités de l'Afrique définies à travers
" la Plate Forme Africaine d'action élaborée à
Dakar en 1994.
La PNPF s'inscrit dans la continuité des principes et des
décisions découlant de ces deux Conférences et
s'enracine dans la démarche d'instrumentation de la Guinée
en matière de politiques de développement. Elle "
pose ainsi les jalons de l'élimination des disparités
entre les hommes et les femmes dans une optique d'amélioration
des conditions de vie " à tous les niveaux et s'articule
autour des quatre orientations stratégiques suivantes :
* Amélioration du Cadre Juridique de la Promotion et de
la Protection de la Femme ;
* Renforcement institutionnel du Cadre de la Promotion de la Femme
;
* Amélioration du Statut social, culturel et politique de
la femme et valorisation de son rôle familial ;
* Promotion économique des femmes.
Il convient de signaler qu'avant même l'adoption de la Politique
Nationale de Promotion Féminine, le MASPFE s'est simultanément
engagé dans l'élaboration d'un Plan d'action National,
conformément aux engagements pris par les Gouvernements Africains
pendant les conférences de Dakar et de Pékin, en vue
d'accélérer la concrétisation des " Stratégies
Prospectives de Nairobi ".
La PNPF affirme sa vocation de couvrir les douze domaines d'intervention
du document d'orientation mondial mais le Gouvernement a décidé,
en accord avec ses partenaires, de se concentrer, à moyen terme,
sur 6 domaines d'action qui sont
* Femmes, législation et prise de décision ;
* femmes et Education ;
* Femmes et Santé ;
* Cadre Institutionnel
* Femmes et Promotion économique et
* Femmes et Environnement
Cette option est d'ailleurs conforme à la décision
prise par le " Groupe Africain à Pékin " qui,
tout en réitérant son attachement à l'ensemble
des domaines retenus, par les documents de référence
de Dakar et de Pékin, avait dégagé les "
supériorités " que sont : l'Economie et la lutte
contre la pauvreté ; l'Education ; la Santé ; les Droits,
le cadre institutionnel et la petite fille, comme pour donner un écho
au débat très houleux, sur la disponibilité des
ressources, qui marqua la cinquième Conférence Mondiale.
Le " groupe Africain de Pékin ", lors de sa première
réunion de Suivi, tenue à Addis Abeba en Mars 1996,
encourageait, à cet effet, les différents Gouvernements,
à s'approprier et à réinterpréter, au
besoin, ces " supériorités ", pour mieux tenir
compte de leurs réalités.
La version finale de la PNPF tient compte, en principe, des domaines
d'action et des stratégies dégagés par le PANGeD
à côté du PNDH et de " Guinée Vision
2010.
1.1.2 Les efforts consentis au plan international
La communauté internationale a adopté en 1945 la Charte
des Nations Unies en faveur de l'égalité entre l'homme
et la femme. Depuis cette époque, la juste revalorisation de
la position et de la condition des femmes dans la société
ainsi que leur rôle dans le développement n'a cessé
d'être une préoccupation dans les pays d'Afrique et du
monde.
Dès 1946, la Commission des Nations Unies sur la Condition
de la femme a été établie. Elle est l'organisme
intergouvernemental chargé de suivre l'égalité
des sexes et la promotion des droits des femmes à travers le
monde. En 1960, cette Commission a revu son acceptation de l'égalité
de sexes qui jusque là était liée aux droits
humains pour l'élargir au développement économique
et social. C'est sur la demande de cette Commission que 1975 a été
déclarée " Année Internationale de la Femme
".
L'Assemblée Générale de l'ONU a ensuite approuvé
le Plan d'Action Mondial pour l'application des objectifs de l'Année
Internationale de la Femme et proclamé les années 1975-1985
la Décennie des Nations Unies pour les Femmes avec un triple
but d'EGALITE, de DEVELOPPEMENT et de PAIX. Ce plan définit
des directives à suivre et des jalons pour les pays membres
afin d'incorporer les femmes en tant que groupe cible spécifique
dans les initiatives de développement.
Depuis le début de la Décennie de la femme, les Nations
Unies ont parrainé, tous les cinq ou dix ans, de grandes conférences
sur les femmes, qui ont été relayées par des
assises régionales dont cinq conférences africaines.
Le Programme d'Action Mondial adopté lors de la quatrième
Conférence Mondiale sur les Femmes qui s'est déroulée
du 4 au 15 septembre 1995 à Pékin et qui énonce
les principes auxquels les gouvernements seront tenus pendant les
dix prochaines années, constitue désormais la référence
fondamentale pour toutes les actions visant l'égalité
des sexes. Cette conférence a, entre autres, permis de passer
en revue la situation des femmes au tour de la décennie écoulée,
d'évaluer la mise en oeuvre et l'application des stratégies
prospectives de Nairobi.
Les trois premières conférences mondiales sur les femmes
respectivement tenues à Mexico en 1975, Copenhague en 1980
et Nairobi en 1985 ont été des temps forts du mouvement
en avant des femmes d'Afrique et du monde.
La conférence de Mexico a contribué à une plus
grande visibilité des femmes dans les sphères économique,
culturelle, politique et sociale. L'adoption le 18 mars 1979 de la
Convention sur l'Elimination de toutes les Formes de Discrimination
à l'Egard des Femmes (CEDAW) par l'Assemblée Générale
des Nations Unies, en complément au plan d'action, est une
consécration majeure de jalons posés à Mexico.
La seconde conférence mondiale sur les femmes, tenue à
Copenhague en 1980 avait permis d'adopter les objectifs de la décennie
des femmes et de la résolution 35/36 de l'ONU qui demande aux
Etats signataires de la CEDAW de prendre les mesures appropriées
pour " provoquer de profonds changements sociaux et économiques
dans la vie des femmes ". Le contenu du concept d'EGALITE qui
dépasse l'élimination " de jure " de la discrimination,
pour englober l'égalité des droits, des responsabilités
et des possibilités de participation des femmes au développement
en tant qu'agentes et bénéficiaires, y a été
reprécisé.
La décennie de la Femme a été clôturée
par la troisième conférence mondiale sur les femmes
tenue à Nairobi en 1985. A Nairobi, on a reconnu que les institutions
nationales, les organisations non gouvernementales et les particuliers
jouent un rôle actif pour la suppression des obstacles socio-économiques
qui empêchent les femmes d'exprimer tout leur potentiel en tant
qu'agentes et bénéficiaires du développement.
Les " Stratégies prospectives d'actions de Nairobi pour
la promotion de la femme à l'horizon 2000 " définissent
des mesures concrètes à prendre par les Etats membres
pour garantir la réalisation des objectifs de la Décennie
des femmes.
Suite aux recommandations de Nairobi, des organismes ont été
spécialisés dans l'amélioration du statut social
et des conditions de vie des femmes. Les pays africains et les organisations
interafricaines (OUA, CEDEAO..) ont institutionnalisé la question
féminine et les organisations des réponses. Plusieurs
pays industrialisés, les organismes de l'ONU et les autres
agences de coopération bilatérale et multilatérale
se sont dotés de stratégies visant à mieux intégrer
les femmes du Tiers monde dans les initiatives de développement.
Quatre autres conférences mondiales récentes se sont
penchées sur la condition féminine. A la Conférence
des Nations Unies sur l'environnement et le développement,
tenue à Rio de Janeiro en 1992, les organisations non gouvernementales
s'occupant des problèmes des femmes ont insisté pour
que soit reconnu le lien existant entre ces problèmes et le
développement durable.
A la Conférence mondiale sur les droits de l'homme, qui a
eu lieu à Vienne en 1993, les droits des femmes ont été
enfin reconnus comme un aspect des droits internationaux de la personne
humaine. Les " droits humains des femmes " ont été
" inclus dans la déclaration de Vienne, le Plan d'action
et la déclaration sur la violence contre les femmes adoptés
par l'Assemblée générale de l'ONU en 1993.
La Conférence Internationale sur la Population et le Développement
(CIPD), tenue en 1994 au Caire a permis de dégager un consensus
sur le fait qu'il est indispensable de renforcer les moyens d'action
et l'autonomie des femmes et d'améliorer leur condition si
l'on veut tirer pleinement parti du développement économique,
social et politique.
Le Sommet Mondial pour le Développement Social, tenu en 1995
à Copenhague a permis de renouveler l'engagement de l'ONU pour
la promotion des femmes et le rôle central de cette promotion
dans l'instauration du développement social. Comme à
la CIPD du Caire, au Sommet de Copenhague, les termes du discours
ont changé. Non seulement les questions intéressant
les femmes étaient à l'ordre du jour, mais les femmes
ont contribué à l'élaboration de l'ordre du jour.
La question du renforcement de l'autonomie des femmes n'a pas été
simplement examinée dans les sessions spéciales consacrées
aux problèmes des femmes. (ONU, 1995).
1.1.3 La perspective africaine
Pour les femmes d'Afrique, les priorités dégagées
lors de la Cinquième Conférence Régionale Africaine
sur les femmes tenue à Dakar en Novembre 1994, sous l'égide
de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA),
constituent désormais le principal cadre de référence.
Avant la Conférence de Dakar (Sénégal) de 1994,
l'ONU avait déjà parrainé quatre conférences
régionales pour le continent, respectivement à Nouakchott
(Mauritanie) en 1977, Lusaka (Zambie) en 1979, Arusha (Tanzanie) en
1984, Abuja (Nigeria) en 1989. Elles ont permis d'apprécier
les progrès accomplis et les contraintes spécifiques
de l'Afrique et de préparer des plans d'actions régionaux
pour les conférences mondiales sur les femmes.
Outre ces conférences statutaires convoquées par la
CEA, d'autres conférences africaines ont été
tenues à Addis Abéba (Ethiopie) en 1978, à Rabat
(Maroc) en 1979. De même, de nombreux autres événements
régionaux relatifs à l'application des stratégies
de Nairobi ont eu lieu.
Parmi les extrants de ces rencontres on peut citer le plan d'action
de Lagos (1980) ; le programme d'action du Kilimandjaro sur la population
et le développement auto-assisté (1984) la Charte Africaine
sur la participation et la transformation populaire (1990) ; le traité
d'Abudja établissant la Communauté économique
africaine (1991), la Déclaration de Ouagadougou sur l'éducation
des filles (1993), le Plan d'action de Kampala sur les femmes et la
paix (1993) adopté en 1994 par le Conseil des Ministres de
l'OUA. (PNUD, RBA, 1995).
1.1.4 Institutionnalisation de la promotion féminine
en Guinée
Les observateurs ont noté que la Guinée était,
en léger retrait, par rapport à la tendance consécutive
à la conférence de Nairobi. En dépit des percées
importantes qui ont été observées en matière
d'éducation, d'emploi et de santé, sous l'ancien régime,
la promotion féminine était essentiellement guidée
par des objectifs de mobilisation politique autour des idéaux
du parti unique.
Avec l'avènement, en Avril 1984, de la Deuxième République,
le Gouvernement a dissout toutes les organisations de masse dont les
structures populaires et économiques définies dans le
discours programme du Chef de l'Etat en 1985, ont privilégié
la libre entreprise et redéfini le rôle des différentes
couches sociales dans le développement.
C'est un fait avéré que les autorités de la
IIè République ont affiché, au départ,
une attitude mitigée, face aux actes politiques, qui ont été
posés pendant l'ancien régime. Mais, il est aussi incontestable
que depuis la conférence de Nairobi en 1985, qui a coïncidé,
avec le discours programme du Président de la République,
un certain nombre d'objectifs ont été atteints.
La Guinée dispose aujourd'hui des institutions nécessaires,
d'une politique pertinente de promotion féminine et de personnalités
crédibles pour concrétiser la volonté politique
manifestée par le Gouvernement en faveur de la promotion de
l'équité des sexes. Il faut aussi ajouter, que les guinéennes
jouissent d'une représentation insuffisante, mais qualitative,
à tous les niveaux et cela semble relever d'une dynamique porteuse
de germes encourageants.
De l'avis des rédactrices du Rapport National sur les femmes
de 1994, la stratégie de participation communautaire, comme
moyen de prise en charge par les populations de leur propre développement,
la politique de décentralisation et les libertés fondamentales
concédées par la seconde République, ont permis
aux femmes de mieux s'impliquer dans les activités de développement.
Au plan institutionnel, la création, en 1992, du Secrétariat
d'Etat chargé des Affaires Sociales; de la Promotion Féminine
et de l'Enfance a comblé le vide subséquent à
la suppression des organisations politiques féminines de la
Première République. Le Secrétariat s'est doté
des structures et des stratégies, pour une intégration
effective des femmes dans le processus de développement national.
L'érection de ce Secrétariat d'Etat en Ministère
de la Promotion Féminine et de l'Enfance, intervenue en 1994,
poursuivait le but de responsabiliser les femmes et de leur doter
d'instrument institutionnel nécessaire à leur promotion
effective. L'avènement en 1996, de l'actuel Ministère
des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l'Enfance
s'inscrit dans la continuité de cette nouvelle dynamique et
consacre, ainsi, l'élargissement du mandat confié au
mécanisme spécifique des femmes guinéennes.
1.1.5 Contribution de la femme guinéenne au développement
Le refus de valoriser l'activité domestique des femmes dans
le contexte global de la production qui sous-tend la constitution
des statistiques officielles est une manifestation patente de l'idéologie
sexiste qui nourrit la société. Comme le souligne l'ONU
(1995), le travail des femmes n'est pas bien appréhendé
par les méthodes traditionnelles de collecte des données.
L'indicateur le plus souvent utilisé pour mesurer le travail
est le taux d'activité (nombre de femmes et d'hommes économiquement
actifs) et cela ne permet pas d'intégrer le travail domestique
des femmes. Très peu visible et rarement quantifiée,
la contribution des femmes guinéennes au développement
de leur pays est pourtant essentielle.
Les résultats de recherche et de discussions diverses ont
permis d'établir une typologie des rôles assumés
par les femmes dans la société. Des voix s'élèvent
encore pour discuter la pertinence de la notion de " rôle
" ou encore pour re-circonscrire les contours du concept de "
reproduction " mais il existe une convention tacite dans l'analyse
de la question féminine dans le développement qui reconnaît
aux femmes un triple rôle de reproduction, de production et
de gestion de la communauté.
a) Le role de la femme guinéenne dans la reproduction
Les femmes contribuent très largement à la fonction
sociale de reproduction. Elles assument, en effet, la responsabilité
d'enfanter et d'élever les enfants et exécutent les
tâches domestiques qui permettent de reproduire et de maintenir
la main d'oeuvre et la société. Une caractéristique
socio-culturelle prêtée à la Guinée et
à l'ensemble de l'Afrique est que les femmes y sont considérées
avant tout comme des épouses et des mères. Or, il est
reconnu qu'il existe une corrélation nette entre cette primauté
du rôle de reproduction de la femme guinéenne et son
accès limité à l'éducation et aux possibilités
d'emplois.
De source onusienne récente (ONU, 1995), l'Afrique subsaharienne
reste la seule région du monde où le taux moyen de fécondité
dépasse 6. Faut-il aussi rappeler qu'en République de
Guinée, en dépit des efforts consentis, la structure
de la fécondité présente encore l'allure d 'une
fécondité naturelle (sans effet de contraception). L'indice
synthétique de fécondité est de 5,7 enfants par
femme. Le taux de mortalité maternelle est de 666 pour 100.000
naissances vivantes. Ces chiffres démontrent que pour donner
la vie, les femmes guinéennes sont contraintes de subir une
réalité atroce qui les obligent à mettre en jeu
leur propre existence.
En milieu rural et dans les zones péri-urbaines, les Guinéennes
consacrent une bonne partie de leur journée à la corvée
de l'eau, au ramassage du bois, à la préparation de
la nourriture et à d'autres activités qui peuvent varier,
d'une région naturelle à l'autre, mais qui entrent toutes
dans leur fonction de reproduction et dans lesquelles les hommes s'impliquent
peu. En Guinée, les études ont montré que 45,5
% des femmes sont concernées par la recherche du bois de chauffe
alors que seulement 31,7 % des hommes s'investissent dans cette tâche
; 73,5 % des femmes vont chercher de l'eau, 68,7 % font la cuisine
et 52 % le marché (RNDH, 1997).
Les autres travaux domestiques tels que la lessive, le ménage,
les soins apportés aux enfants et leur éducation, les
soins aux personnes âgées, sont aussi essentiellement
assurés par les femmes. Les activités de reproduction
absorbent ainsi une partie importante du temps des Guinéennes.
Selon l'EIBC, la Guinéenne met environ 42 mn pour aller chercher
du bois, consacre 43 mn à l'approvisionnement. Le marché
et la cuisine peuvent lui prendre respectivement 50 mn à l'approvisionnement.
Le marché et la cuisine peuvent lui prendre respectivement
50 mn et 1 h30 mn. Les autres tâches lui prennent environ 43
mn. Il est aussi établi que la femme, notamment en milieu rural,
consacre 7 H par jour aux activités domestiques.
Or, ces activités qui ne sont ni valorisées, ni rémunérées,
ne leur procurent pas de revenus et limitent leur capacité
à exploiter les opportunités de développement.
Même si ces données n'épuisent pas la problématique
qui corrobore le rôle reproductif des femmes de Guinée,
elles peuvent servir d'exemples pour rendre compte de l'ampleur de
ce rôle et de quelques aspects des problèmes et des risques
spécifiques qu'il soulève pour elles.
b) Le role de la femme guinéenne dans la production
La division sociale du travail confère aux femmes guinéennes
des obligations qui font d'elles des maillons essentiels dans la production
de biens de consommation ou d'échange. Elles assument souvent
leurs propres besoins et doivent participer aux dépenses de
leurs familles. Cela les oblige à avoir des sources de revenus
et à développer des stratégies pour les fructifier.
En République de Guinée, l'agriculture est la principale
activité en terme de nombre d'emplois, aussi, est-elle importante
en valeur du PIB. Elle fournit 80 % des emplois et intervient à
hauteur de 20 % du PIB. De manière générale,
les activités agricoles sont réparties en fonction du
sexe.
Les femmes constituent 48 % de la population active dont 87 % évoluent
dans le secteur primaire. Le secteur secondaire n'occupait que 2 %
d'entre elles en 1995, tandis que le secteur tertiaire occupait 11
%. Les femmes vivent dans une proportion de plus de 75 % en milieu
rural et plus de la moitié des femmes urbaines se trouvent
à Conakry (RNDH, 1996). Selon les résultats de l'enquête
agricole permanente (EAP) de 1995, les femmes représentent
53,3 % de la main d'oeuvre agricole contre 46, 7 % pour les hommes.
Ce rapport de masculinité traduit la supériorité
numérique des guinéennes dans le secteur rural. La taille
moyenne des exploitations est de 2,03 ha pour un ménage composé
de 8 personnes dont 4 seulement sont des actifs. Le Nombre d'exploitations
est de 441.168 dont 2 % sont dirigées par des femmes. Les Guinéennes
assurent 87 % de la production vivrière et consacrent 80 %
de leur temps à des tâches agricoles, mais ont peu bénéficié
des technologies nouvelles.
La structure de l'emploi montre que dans la fonction publique les
femmes ne représentent que 22,21 % des effectifs salariés.
L'analyse de leur répartition dans les différentes catégories
révèle qu'elles représentent 19,49 % des contractuels
; 34,63 % des agents d'exécution ;22,80 % des cadres moyens
et 14 % seulement des cadres de conception. Dans le secteur privé,
l'Office National de l'Emploi dénombrait en 1993, 17.483 travailleurs
employés par 563 entreprises avec une présentation des
femmes parmi les salariés qui n'excédait guère
9,7 %.
En ville comme dans les villages, les Guinéennes ont massivement
investi dans le secteur privé de l'économie rurale où
elles se spécialisent dans le petit commerce et diverses autres
activités qui trouvent souvent un dénominateur commun
dans leur petite taille et l 'étroitesse de leurs marges de
rentabilité. Beaucoup d'entre elles s'appuient sur le savoir-faire
féminin pour développer l'artisanat alimentaire (fonio-beignets,
néré, etc..). La teinture, la coiffure, la poterie et
d'autres branches de l'artisanat utilitaire prennent de plus en plus
d'ampleur.
Victimes d'une discrimination injustifiée dans les systèmes
financiers formels, de la rigidité des conditions des banques
et de la faiblesse même du réseau bancaire, les Guinéennes
ont développé leurs propres réseaux d'épargne
et de crédit. Elles sont le fer de lance des " tontines
" (système de cotisation rotatif mi-crédit, mi-épargne)
qui revêtent des formes diversifiées d'une zone à
l'autre.
Beaucoup d'indices portent à penser que les récents
bouleversements de la structure économique des pays africains
ont entraîné une dynamique qui fait que désormais,
il faut de plus en plus compter avec les femmes comme actrices économiques
du changement. Des études sociologiques à l'image de
celle-ci devraient explorer cette nouvelle hypothèse qui a
été confirmée dans d'autres pays de la sous-région.
Tant au niveau de l'agriculture et de la pêche que les activités
économiques rurales et urbaines, elles sont quantitativement
majoritaires malgré la pénibilité des conditions
de vie et de travail qui explique le peu d'efficacité et de
visibilité de leurs efforts.
L'introduction d'un bémol dans la symphonie décadente
de la domination économique des femmes par les hommes n'est
cependant pas synonyme d'un renversement de la situation. Elle montre
simplement qu'en dépit des multiples contraintes qui pèsent
sur la femme en général, il y a des femmes particulières
qui émergent du lot. Elles pourraient jouer un rôle fondamental
dans la transformation de la position économique de la femme
qui est demeurée globalement précaire.
Les Guinéennes sont fortement impliquées dans la vie
économique de leur pays, mais en dépit de leur rôle
d'agentes économiques, elles demeurent encore marginalisées
quand il s'agit de tirer profit des structures d'appui existantes.
En outre, les conditions dans lesquelles elles travaillent sont particulièrement
difficiles à cause de la persistance des méthodes culturales
traditionnelles, des technologies rudimentaires, d'un accès
limité et discriminatoire à l'information, aux services
de vulgarisation et d'alphabétisation, à la terre et
aux crédits.
c) Le role de la femme guinéenne dans la gestion de la communauté
Les sociétés africaines assignent traditionnellement
aux femmes le devoir de participer à la gestion de leur communauté
tant au niveau social et économique que sur le plan culturel
et politique. Une tendance non négligeable de l'histoire de
l'Afrique précoloniale analysée par des Africains pose
l'hypothèse selon laquelle, des femmes, surtout celles issues
de l'aristocratie, ont eu à jouer un rôle substantiel
dans la conduite politique de leur société. Les exemples
de reines, de reines mères, d'épouses et des soeurs
de rois " powerful " (nanties de pouvoir) ne manquent pas
dans l'histoire vraie ou magnifiée du continent.
Dans certaines régions naturelles de la Guinée, la
figure de la femme guinéenne, dépositaire du savoir
et de la communication avec les " forces invisibles " qui
peuplent l'imaginaire social, celle de la femme actrice et metteur
en scène dans le théâtre réel ou imaginaire
du mysticisme sont devenus des archétypes dans les catégories
mentales des populations. Les sociétés secrètes
des femmes Bagas de la Basse Guinée ou des Guerzé de
la Guinée Forestière jouent un rôle important
dans la perpétuation des rites et des rituels qui structurent
l'espace social.
Si l'on sait la place déterminante de ces " alliés
symboliques " des femmes dans la formation et le contrôle
du pouvoir politique en milieu africain, on peut, au moins, questionner
toute vision basée sur la dénégation de la présence
de celles-ci sur la scène centrale ou dans les coulisses de
l'arène du pouvoir traditionnel en Guinée.
A l'époque du parti unique, le PDG-RDA, l'Union Révolutionnaire
des Femmes de Guinée (URFG) était la seule structure
regroupant les femmes du pays. Ses dirigeantes étaient intégrées
dans les organes de décision du Parti et assumaient des fonctions
importantes. Six femmes étaient membres du Comité Central
du Parti et plusieurs ont occupé des postes d'ambassadeurs,
de Gouverneurs ou de Directrices de Sociétés d'Etat.
C'est une Guinéenne, Jeanne Martin Cissé qui a été
la première femme à présider le Conseil de Sécurité
des Nations Unies. Elle a, aussi, occupé la fonction de Ministre
des Affaires Sociales. (Lewin, la Guinée, 1968).
Mais, cette incursion dans l'inconscient collectif de l'histoire
politique de la Guinée ne rend nullement compte de la situation
contemporaine de la participation des Guinéennes à la
gestion politique de leur communauté. Dans la réalité
actuelle, très peu d'entre elles ont acquis une position sociale
pouvant leur permettre d'exercer une influence significative sur les
décisions engageant leur existence et leur nation.
Si personne ne remet en cause la capacité des Guinéennes
à gérer et à bien gérer tout ce qui relève
de leur fonction de reproduction ainsi que les affaires internes à
la famille, la théorie des sphères (à l'instar
de la réalité) les cantonne encore dans le domaine privé.
Après quatre décennies d'indépendance, les femmes
ne participent, qu'en nombre très réduit, aux différentes
structures politiques qui existent dans le pays. Avec l'instauration
du multipartisme, des observateurs nationaux affirment encore que
la situation des femmes dans le domaine politique est en nette régression.
Le seul parti dirigé par une femme apparaît tant par
les circonstances de son émergence, que dans les rares prises
de positons publiques de son leader comme ayant très peu d'envergure.
Dans l'ensemble des autres partis, les femmes sont très peu
représentées dans les instances dirigeantes. Elles restent
confinées dans des tâches d'animation, d'organisation,
de caisse de résonance ou de masse de manoeuvre électorale.
A l'instar de cette discrimination dans les processus électoraux,
les nominations à des fonctions ministérielles et directoriales
réservent aux femmes une portion congrue.
La déficience des femmes en matière de pouvoir ne concerne
pas seulement le pouvoir politique. Il y a une corrélation
nette entre leur infériorisation au plan socio-politique et
la position secondaire qu'elles occupent aux niveaux économique
et culturel. Les indicateurs " de Pouvoir et de l'Influence "
des femmes guinéennes, exposés dans le chapitre réservé
aux disparités de genre, prouvent que les préoccupations
de celles et ceux qui posent " l'empowerment " des femmes
comme un ingrédient essentiel de leur promotion effective et
globale, sont pour le moins légitimes.
[sommaire]
1.2 - Potentialités et options régionales de la Guinée
On divise habituellement la Guinée en quatre régions
naturelles: la Basse-Guinée, la Moyenne Guinée, la Haute-Guinée
et la Guinée Forestière. La diversité agro-écologique
de chaque région autorise une large gamme de spéculations.
1.2.1 Guinée maritime
L'ensemble de la région représente 15% de la superficie
du pays et 23% de la population totale.
La diversité des activités primaires (agriculture, élevage,
pêche ) et la présence d'importants centres urbains dont
Conakry, en font une zone économique dynamique avec une densité
démographique assez élevée ( 41 habitants / Km2
) et un volume d'échange de produits assez considérable.
La superficie cultivée représente 20% de sa superficie
cultivable. Le potentiel agricole s'élève à 8
000 Ha de bas-fonds et 45 040 Ha de plaine soit respectivement 36%
et 26% du potentiel national. La superficie aménagée
représente environ 6% du potentiel aménageable.
La région est composée :
D'une frange côtière de plaines et de mangroves ayant
comme activité principale : la riziculture pluviale de plaines
inondables, la riziculture inondable, la riziculture de mangrove et
l'exploitation de palmeraies naturelles et de plantations diverses
( palmier à huile, cocotier et kolatier ).
D'une zone - Est de Conakry qui dispose d'une gamme variée
de cultures legumières et fruitières(maraîchage,
ananas, mangues - agrumes.)
De l'arrière pays qui constitue un piedmont de transition vers
le massif du Fouta Djallon. Les sols sont relativement plus pauvres
et les exploitations plus dispersées. Le troupeau bovin transhume
vers la cote durant la saison sèche. La région dispose
également d'un avantage comparatif certain pour l'élevage
des espèces à cycle court.
La Guinée Maritime contribue actuellement pour 1/4 à
la production rizicole et pour 1/3 à la production arachidière
nationale.
Elle renferme les sites visités de Boké et de Télimélé
1.2.2 Moyenne Guinée
La Moyenne Guinée est constituée essentiellement du
massif du Fouta Djallon avec un relief accidenté et des sols
dégradés. Elle représente 25% de la superficie
du pays et regroupe 26% de la population totale . La superficie cultivable
représente seulement 12% du potentiel national ( la plus faible
disponibilité en terre par habitant ) .
La Moyenne Guinée comprend :
La zone Nord - Ouest ( Gaoual - Koundara ) assez faiblement occupée
et comportant des coteaux et des plaines inondables consacrées
à la culture du riz et pâturée en saison sèche.
Elle présente les plus gros effectifs en bovins grâce
aux pâturages humides des moyennes vallées ; la culture
du coton y a été introduite en 1989 avec un succès
limité.
La zone Centrale ( Labé - Dalaba ) plus peuplée avec
des productions diversifiées provenant des tapades et des champs
extérieurs consacrés aux céréales notamment
le fonio. Compte tenu de la pression foncière, les champs extérieurs
occupent de plus en plus les zones marginales erosives à forte
pente favorisant l'érosion. Elle dispose cependant de potentialités
agricoles certaines: maïs, pomme de terre, oignon voandzou, haricot,
niébé et pois d'angole dans le cadre des systèmes
intensifs.
Les fonds des vallées des préfectures de Mali - Lélouma
- Tougué - Koubia et les plaines du Bafing sont favorables
aux cultures de contre saison avec moyennant des aménagements
hydro agricoles.
La Moyenne Guinée contribue pour 56% à la production
nationale de maïs et 42% pour le fonio.
1.2.3 Haute Guinée
La haute Guinée est la région la plus vaste. Elle représente
40% du territoire national et 25% de la population totale. Le potentiel
hydro-agricole est estimé à 4 430 ha de bas-fonds et
70 470 ha de plaines, soit respectivement 20% et 45% du potentiel
national. La superficie aménagée représente environ
9% du potentiel aménageable.
On peut distinguer deux zones : les zones de plateaux ou de côteaux,
et les grandes plaines alluviales du Niger et ses affluents.
L'Agriculture est diversifiée et les principales cultures
sont : le riz, le maïs, le sorgho, l'arachide, le fonio, les
tubercules, le coton et les cultures fruitières (mangue). Le
système d'exploitation combine le plus souvent les cultures
de plateau et la riziculture de submersion naturelle ou contrôlée.
La culture attelée est relativement plus développée
mais les effets dévastateurs des feux de brousse et la concurrence
de l'exploitation minière limitent la production du riz.
On y retrouve les sites visités de Faranah et de Kouroussa
1.2.4 Guinée forestiere
L'ensemble de la région représente 20% de la superficie
du pays et 25% de la population totale.
Le potentiel hydro-agricole est estimé à 6310 ha de
bas-fonds et 11.720 ha de plaines, soit 30% et 2% respectivement du
potentiel national aménageable.
Elle est subdivisée en trois zones:
La zone de transition Forêt - Savane ( au Nord ). Elle couvre
les préfectures de Kissidougou et de Beyla et le Nord de Guéckédou.
Elle produit des excédents céréaliers et notamment
en riz. Néanmoins, elle est confrontée aux limites du
système traditionnel et à la baisse de la fertilité
des sols.
La zone Sud-ouest couvrant les préfectures de Guéckédou
et Macenta, fortement peuplée avec le riz comme culture dominante.
Le café, le cacao, la cola, la banane y représentent
les principales cultures commerciales.
La zone, Sud-est à densité moyenne notamment en raison
de la présence de deux massifs forestiers classés est
particulièrement favorable aux cultures de rente ( café,
hévéa, palmier ). Le système cultural est de
type traditionnel. Elle couvre les préfectures de N'Zérékoré,
Lola et Yomou.
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